27 septembre 2023
En mettant en lumière l’histoire de Manuel García fils (1805-1906), le Centre Européen de Musique rend hommage à un artiste polymathe, pédagogue, chanteur, scientifique et chercheur, membre d’une saga familiale unique en son genre : la dynastie García. L’invention du laryngoscope par Manuel García fils en 1854 n’est pas le fruit du hasard, et l’acquisition par le Centre Européen de Musique de cette relique d’une valeur inestimable constitue un symbole fort incarnant pleinement les missions que le CEM s’est attribué au XXIe siècle : bâtir des ponts entre le présent et le passé ; unifier les arts, les sciences et les humanités. Après un troisième épisode consacré au scientifique Manuel García fils, découvrez le dernier de notre série historique, écrite par Thomas Cousin, Doctorant en histoire et en musicologie à l’Université libre de Bruxelles/Sorbonne Université.
Le 17 mars 1905, jour de la Saint-Patrick, Manuel García est entré dans le second siècle de son immortalité. Les célébrations de son centenaire sont un modèle du genre consacrant la renommée internationale de l’inventeur du laryngoscope. Invité à Buckingham Palace, Manuel García est décoré par le Roi Édouard VII d’Angleterre des insignes de Commandant de l’Ordre royal de Victoria. Également reçu en grandes pompes par la Royal Medical and Chirurgical Society à Hanover Square, le maestro est décoré par le laryngologiste allemand Dr. Fränkel de la Grande Médaille d’Or des Sciences au nom de l’Empereur Guillaume II, en reconnaissance des mérites de « celui qui, par son génie, a éclairé les lieux jusqu’alors obscurs du larynx et de la source de la voix humaine vivant, posant ainsi les bases de la physiologie de la voix ». Enfin, le Marquis de Villalobar, émissaire du Roi d’Espagne Alphonse XIII, investit « Don Manuel García » de l’Ordre royal d’Alphonse XII « en haute récompense de vos mérites et des services rendus à l’humanité par votre science et votre labeur ».
Parmi les hommages infinis du monde de la musique, nous retiendrons la formule de Blanche Marchesi pour le « Christophe Colomb du Larynx ». La grande découverte de l’explorateur, théoricien de l’appareil vocal, a ouvert en effet d’immenses horizons à la science, et mis à sa portée de nombreuses maladies demeurées jusqu’alors incurables. L’invention du laryngoscope a rendu possible leur traitement médical et sauvé d’innombrables vies. Il n’est pas étonnant de compter parmi les nombreuses sociétés et associations représentées à Hanover Square pour célébrer « le père du laryngoscope » les sociétés de laryngologie des États-Unis, d’Allemagne, d’Angleterre, de France, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne, d’Autriche, de Hongrie et de Russie. Les télégrammes reçus en provenance d’universités et de sociétés de laryngologie de Stockholm, de Moscou et de Cracovie, du Japon, de Montréal et de Brooklyn, attestent de la portée mondiale de ces commémorations. Un télégramme de félicitations du Premier Ministre britannique, Arthur Balfour, se mêle aux festivités, alors que les hommages de la Royal Society of London, de la Royal Academy of Music et du Royal College of Music se succèdent. La présentation du portrait de Manuel García peint par l’américain John. S. Sargent et financé par les contributions internationales des amis et admirateurs du centenaire, ponctue en point d’orgue ce mémorable anniversaire.
Du haut de son exceptionnelle longévité, Manuel García fils a su magnifier l’héritage musical monumental légué par son père tout en créant son propre style pédagogique et une méthode de chant fondée sur des connaissances avant-gardistes pour l’époque. À l’instar de ses sœurs Maria Malibran et Pauline Viardot, Manuel García a marqué de son empreinte l’histoire de l’opéra au XIXe siècle, et ouvert d’inédits horizons pour la médecine et la science. Transmis de génération en génération au sein de la famille García, le laryngoscope original de 1854 constitue l’un des trésors de la Memorabilia García. Les amis des arts, des sciences et des humanités peuvent se réjouir de l’acquisition et de la conservation par le Centre Européen de Musique de cette collection inestimable, véritable joyau du patrimoine culturel européen.
Par Thomas Cousin
Doctorant en histoire et en musicologie
Université libre de Bruxelles/Sorbonne Université
27 septembre 2023
En mettant en lumière l’histoire de Manuel García fils (1805-1906), le Centre Européen de Musique rend hommage à un artiste polymathe, pédagogue, chanteur, scientifique et chercheur, membre d’une saga familiale unique en son genre : la dynastie García. L’invention du laryngoscope par Manuel García fils en 1854 n’est pas le fruit du hasard, et l’acquisition par le Centre Européen de Musique de cette relique d’une valeur inestimable constitue un symbole fort incarnant pleinement les missions que le CEM s’est attribué au XXIe siècle : bâtir des ponts entre le présent et le passé ; unifier les arts, les sciences et les humanités. Après un troisième épisode consacré au scientifique Manuel García fils, découvrez le dernier de notre série historique, écrite par Thomas Cousin, Doctorant en histoire et en musicologie à l’Université libre de Bruxelles/Sorbonne Université.
Le 17 mars 1905, jour de la Saint-Patrick, Manuel García est entré dans le second siècle de son immortalité. Les célébrations de son centenaire sont un modèle du genre consacrant la renommée internationale de l’inventeur du laryngoscope. Invité à Buckingham Palace, Manuel García est décoré par le Roi Édouard VII d’Angleterre des insignes de Commandant de l’Ordre royal de Victoria. Également reçu en grandes pompes par la Royal Medical and Chirurgical Society à Hanover Square, le maestro est décoré par le laryngologiste allemand Dr. Fränkel de la Grande Médaille d’Or des Sciences au nom de l’Empereur Guillaume II, en reconnaissance des mérites de « celui qui, par son génie, a éclairé les lieux jusqu’alors obscurs du larynx et de la source de la voix humaine vivant, posant ainsi les bases de la physiologie de la voix ». Enfin, le Marquis de Villalobar, émissaire du Roi d’Espagne Alphonse XIII, investit « Don Manuel García » de l’Ordre royal d’Alphonse XII « en haute récompense de vos mérites et des services rendus à l’humanité par votre science et votre labeur ».
Parmi les hommages infinis du monde de la musique, nous retiendrons la formule de Blanche Marchesi pour le « Christophe Colomb du Larynx ». La grande découverte de l’explorateur, théoricien de l’appareil vocal, a ouvert en effet d’immenses horizons à la science, et mis à sa portée de nombreuses maladies demeurées jusqu’alors incurables. L’invention du laryngoscope a rendu possible leur traitement médical et sauvé d’innombrables vies. Il n’est pas étonnant de compter parmi les nombreuses sociétés et associations représentées à Hanover Square pour célébrer « le père du laryngoscope » les sociétés de laryngologie des États-Unis, d’Allemagne, d’Angleterre, de France, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne, d’Autriche, de Hongrie et de Russie. Les télégrammes reçus en provenance d’universités et de sociétés de laryngologie de Stockholm, de Moscou et de Cracovie, du Japon, de Montréal et de Brooklyn, attestent de la portée mondiale de ces commémorations. Un télégramme de félicitations du Premier Ministre britannique, Arthur Balfour, se mêle aux festivités, alors que les hommages de la Royal Society of London, de la Royal Academy of Music et du Royal College of Music se succèdent. La présentation du portrait de Manuel García peint par l’américain John. S. Sargent et financé par les contributions internationales des amis et admirateurs du centenaire, ponctue en point d’orgue ce mémorable anniversaire.
Du haut de son exceptionnelle longévité, Manuel García fils a su magnifier l’héritage musical monumental légué par son père tout en créant son propre style pédagogique et une méthode de chant fondée sur des connaissances avant-gardistes pour l’époque. À l’instar de ses sœurs Maria Malibran et Pauline Viardot, Manuel García a marqué de son empreinte l’histoire de l’opéra au XIXe siècle, et ouvert d’inédits horizons pour la médecine et la science. Transmis de génération en génération au sein de la famille García, le laryngoscope original de 1854 constitue l’un des trésors de la Memorabilia García. Les amis des arts, des sciences et des humanités peuvent se réjouir de l’acquisition et de la conservation par le Centre Européen de Musique de cette collection inestimable, véritable joyau du patrimoine culturel européen.
Par Thomas Cousin
Doctorant en histoire et en musicologie
Université libre de Bruxelles/Sorbonne Université