29 juin 2023
Diana García est l’arrière-arrière-arrière-petite-fille de Manuel García, chanteur d'opéra, compositeur, chef d'orchestre et directeur de troupe. Il a fondé avec Maria Joaquina Sitches dite Briones une dynastie qui a marqué l’histoire de la musique. Les trois enfants de Joaquina et Manuel ont eux aussi marqué cette histoire du quatrième art, leurs noms : Maria Felicia (dite la Malibran), Pauline García-Viardot et Manuel García fils. Diana García évoque l’impact de son héritage familial et ses souvenirs familiaux.
La ‘’Memorabilia García’’ est la collection de souvenirs, objets et œuvres appartenant à la famille García depuis plusieurs génération. Le Centre Européen de Musique a acquis la collection et lancé une campagne pour acheminer cette collection aujourd'hui au Canada et l'installer à la Villa Viardot à Bougival.
Manuel García fils qui fut l’arrière-arrière-grand-père de Diana García a inventé l’ancêtre du laryngoscope et a notamment rétabli la voix de la célèbre cantatrice suédoise Jenny Lind en 1841 en lui prescrivant trois mois de silence absolu après une tournée éprouvante. Elle est ainsi descendante directe de sa lignée. La mère de Diana lui répétait souvent l’importance de ces faits d’armes accomplis par ces figures de la famille. « Ton deuxième prénom est Pauline, en hommage à ton arrière-grand-tante, l'intellectuelle de la famille et tu es bien une García », se souvient celle qui a souhaité transmettre ses souvenirs de famille ‘’Memorabilia García’’ au Centre Européen de Musique.
Le premier laryngoscope a été inventé par Manuel García fils. Cet exemplaire appartient à la ‘’Memorabilia García’’
Ce père, bien que n’ayant pas eu la même notoriété que ses illustres aïeux, fut un modèle pour Diana : « mon père a joué avec des chefs d'orchestre de jazz renommés tout au long des années 1930 et 1940. Il dirigeait le département de musique du lycée local et pouvait jouer de n'importe quel instrument. Ses arrangements de musique vocale et instrumentale étaient stupéfiants. Je l'ai vu un jour faire se lever un public avec un solo de batterie sur Sign of the Times. Pendant son temps libre, il donnait des cours de chant ». Celle qui est née et qui vit au Canada, dans l'Ontario, cherche ensuite à se tourner vers des livres biographiques sur sa famille pour « comprendre la responsabilité qu’elle pouvait avoir en portant ce grand nom ». Ce qu’elle découvre la trouble. Il s’agit notamment de récits sur la dure et très stricte éducation dispensée par Manuel García à ses enfants, particulièrement Maria (la future Malibran) et Manuel fils. Ce qu’elle assimile à des récits de maltraitance et crée en elle un sentiment de rejet. A ce moment (lors de son adolescence) : « seule Pauline, qui animait des salons parisiens avec des personnalités comme Georges Sand et Tourgueniev, offrait le genre de modèle qu'un jeune García comme moi pouvait admirer ».
« Seule Pauline, qui animait des salons parisiens avec des personnalités comme Georges Sand et Tourgueniev, offrait le genre de modèle qu'un jeune García comme moi pouvait admirer »
Arrivée à l’âge adulte Diana met de côté toute cette histoire familiale. Elle prend un chemin professionnel différent en travaillant avec des enfants maltraités. « J'ai donc repoussé le squelette au fond du placard. Lorsque j'ai hérité des portraits de famille, je les ai rapidement recouverts de draps et rangés à l'abri des regards, au fond d'une grande armoire ». Ce qui change la donne pour Diana García est le contact qui se noue avec les musicologues et les auteurs, notamment Andrés Moreno Mengíbar, James et Teresa Radomski, qui la contacte dans le cadre de leurs recherches sur sa famille. « Ils m'ont incité à me poser à nouveau la question de savoir comment trier un héritage aussi complexe que le nôtre. Si ces auteurs m'ont raconté encore plus d'histoires de mauvais comportements multigénérationnels, dont aucune ne m'a surpris, ils m'ont aussi donné un nouvel aperçu des contributions importantes de la dynastie de chanteurs García. Les Radomski ont produit des enregistrements d'opéras et de compositions des Garcia, ce qui m'a permis d'entendre leurs œuvres et, pour la première fois, d'apprécier pleinement leur musicalité. Je me suis rendu compte que ces personnes avaient changé le paysage de l'histoire de la musique et de la pédagogie vocale ».
Peu à peu, elle commence à voir la famille García sous un jour « plus tolérant et plus empathique », ce qui lui permet d'acquérir un sentiment de respect et d'admiration pour leur travail et leurs contributions culturelles. Un autre changement inattendu s'est produit en elle : « un sentiment de gratitude pour le don de la musique que représente le fait d'avoir grandi chez les García ». Finalement ces réflexions et ce travail de recherche au long cours lui permettent de se réconcilier avec cette histoire et avec la musique : « Je ne suis pas une musicienne professionnelle, mais je suis une amatrice satisfaite. Enfant, je chantais et jouais du pianiste en compétition, et j'ai joué dans divers orchestres et chorales scolaires tout au long de ma scolarité. Mon hobby de toujours est d'écrire et d'enregistrer des arrangements instrumentaux et vocaux d'airs existants et de mes propres compositions, dans mon studio d'enregistrement personnel. Cette dotation ancestrale a enrichi ma vie au-delà de toute mesure. J'en suis profondément reconnaissante ».
L'objectif de la campagne de crowdfunding du CEM est de pouvoir présenter et installer la ‘’Memorabilia García’’ à la Villa Viardot à Bougival.
Il s’agit donc d’une sérénité retrouvée par rapport à l'héritage des García. « Les portraits de famille sont maintenant accrochés dans ma maison, les enregistrements des opéras familiaux sont dans ma bibliothèque musicale. Les carnets de croquis de Pauline ne sont plus rangés dans des boîtes. Je ne comprends toujours pas tout à fait l'opéra, et je n'ai pas encore accepté mon deuxième prénom (Pauline). Cela dit, la musique est ma passion, ma joie et mon réconfort ». Ce sont ces portraits, ces croquis de Pauline García Viardot, le laryngoscope de Manuel fils et bien d’autres précieux objets qu’elle a décidé de céder au Centre Européen de Musique qui organise en ce moment une campagne de financement participatif pour pouvoir les acheminer du Canada à la France et pour les présenter à la Villa Viardot.
29 juin 2023
Diana García est l’arrière-arrière-arrière-petite-fille de Manuel García, chanteur d'opéra, compositeur, chef d'orchestre et directeur de troupe. Il a fondé avec Maria Joaquina Sitches dite Briones une dynastie qui a marqué l’histoire de la musique. Les trois enfants de Joaquina et Manuel ont eux aussi marqué cette histoire du quatrième art, leurs noms : Maria Felicia (dite la Malibran), Pauline García-Viardot et Manuel García fils. Diana García évoque l’impact de son héritage familial et ses souvenirs familiaux.
La ‘’Memorabilia García’’ est la collection de souvenirs, objets et œuvres appartenant à la famille García depuis plusieurs génération. Le Centre Européen de Musique a acquis la collection et lancé une campagne pour acheminer cette collection aujourd'hui au Canada et l'installer à la Villa Viardot à Bougival.
Manuel García fils qui fut l’arrière-arrière-grand-père de Diana García a inventé l’ancêtre du laryngoscope et a notamment rétabli la voix de la célèbre cantatrice suédoise Jenny Lind en 1841 en lui prescrivant trois mois de silence absolu après une tournée éprouvante. Elle est ainsi descendante directe de sa lignée. La mère de Diana lui répétait souvent l’importance de ces faits d’armes accomplis par ces figures de la famille. « Ton deuxième prénom est Pauline, en hommage à ton arrière-grand-tante, l'intellectuelle de la famille et tu es bien une García », se souvient celle qui a souhaité transmettre ses souvenirs de famille ‘’Memorabilia García’’ au Centre Européen de Musique.
Le premier laryngoscope a été inventé par Manuel García fils. Cet exemplaire appartient à la ‘’Memorabilia García’’
Ce père, bien que n’ayant pas eu la même notoriété que ses illustres aïeux, fut un modèle pour Diana : « mon père a joué avec des chefs d'orchestre de jazz renommés tout au long des années 1930 et 1940. Il dirigeait le département de musique du lycée local et pouvait jouer de n'importe quel instrument. Ses arrangements de musique vocale et instrumentale étaient stupéfiants. Je l'ai vu un jour faire se lever un public avec un solo de batterie sur Sign of the Times. Pendant son temps libre, il donnait des cours de chant ». Celle qui est née et qui vit au Canada, dans l'Ontario, cherche ensuite à se tourner vers des livres biographiques sur sa famille pour « comprendre la responsabilité qu’elle pouvait avoir en portant ce grand nom ». Ce qu’elle découvre la trouble. Il s’agit notamment de récits sur la dure et très stricte éducation dispensée par Manuel García à ses enfants, particulièrement Maria (la future Malibran) et Manuel fils. Ce qu’elle assimile à des récits de maltraitance et crée en elle un sentiment de rejet. A ce moment (lors de son adolescence) : « seule Pauline, qui animait des salons parisiens avec des personnalités comme Georges Sand et Tourgueniev, offrait le genre de modèle qu'un jeune García comme moi pouvait admirer ».
« Seule Pauline, qui animait des salons parisiens avec des personnalités comme Georges Sand et Tourgueniev, offrait le genre de modèle qu'un jeune García comme moi pouvait admirer »
Arrivée à l’âge adulte Diana met de côté toute cette histoire familiale. Elle prend un chemin professionnel différent en travaillant avec des enfants maltraités. « J'ai donc repoussé le squelette au fond du placard. Lorsque j'ai hérité des portraits de famille, je les ai rapidement recouverts de draps et rangés à l'abri des regards, au fond d'une grande armoire ». Ce qui change la donne pour Diana García est le contact qui se noue avec les musicologues et les auteurs, notamment Andrés Moreno Mengíbar, James et Teresa Radomski, qui la contacte dans le cadre de leurs recherches sur sa famille. « Ils m'ont incité à me poser à nouveau la question de savoir comment trier un héritage aussi complexe que le nôtre. Si ces auteurs m'ont raconté encore plus d'histoires de mauvais comportements multigénérationnels, dont aucune ne m'a surpris, ils m'ont aussi donné un nouvel aperçu des contributions importantes de la dynastie de chanteurs García. Les Radomski ont produit des enregistrements d'opéras et de compositions des Garcia, ce qui m'a permis d'entendre leurs œuvres et, pour la première fois, d'apprécier pleinement leur musicalité. Je me suis rendu compte que ces personnes avaient changé le paysage de l'histoire de la musique et de la pédagogie vocale ».
Peu à peu, elle commence à voir la famille García sous un jour « plus tolérant et plus empathique », ce qui lui permet d'acquérir un sentiment de respect et d'admiration pour leur travail et leurs contributions culturelles. Un autre changement inattendu s'est produit en elle : « un sentiment de gratitude pour le don de la musique que représente le fait d'avoir grandi chez les García ». Finalement ces réflexions et ce travail de recherche au long cours lui permettent de se réconcilier avec cette histoire et avec la musique : « Je ne suis pas une musicienne professionnelle, mais je suis une amatrice satisfaite. Enfant, je chantais et jouais du pianiste en compétition, et j'ai joué dans divers orchestres et chorales scolaires tout au long de ma scolarité. Mon hobby de toujours est d'écrire et d'enregistrer des arrangements instrumentaux et vocaux d'airs existants et de mes propres compositions, dans mon studio d'enregistrement personnel. Cette dotation ancestrale a enrichi ma vie au-delà de toute mesure. J'en suis profondément reconnaissante ».
L'objectif de la campagne de crowdfunding du CEM est de pouvoir présenter et installer la ‘’Memorabilia García’’ à la Villa Viardot à Bougival.
Il s’agit donc d’une sérénité retrouvée par rapport à l'héritage des García. « Les portraits de famille sont maintenant accrochés dans ma maison, les enregistrements des opéras familiaux sont dans ma bibliothèque musicale. Les carnets de croquis de Pauline ne sont plus rangés dans des boîtes. Je ne comprends toujours pas tout à fait l'opéra, et je n'ai pas encore accepté mon deuxième prénom (Pauline). Cela dit, la musique est ma passion, ma joie et mon réconfort ». Ce sont ces portraits, ces croquis de Pauline García Viardot, le laryngoscope de Manuel fils et bien d’autres précieux objets qu’elle a décidé de céder au Centre Européen de Musique qui organise en ce moment une campagne de financement participatif pour pouvoir les acheminer du Canada à la France et pour les présenter à la Villa Viardot.