1 avril 2022
Le Président et fondateur du Centre Européen de Musique, Jorge Chaminé, participait le 31 mars 2022 au webinar « La société civile en action pour le patrimoine ukrainien en péril » (Civil Society in Action for Ukraine's Endangered Heritage). Un événement organisé par le Global Heritage Fund avec OurWorldHeritage et Europa Nostra. Une intervention qui fut également pour Jorge Chaminé l’occasion de rappeler que le patrimoine culturel européen du parc de Bougival dont le Centre Européen de Musique est aujourd’hui le gardien et l’héritier, comporte la datcha d’une figure majeure de la littérature russe, connue dans toute l’Europe et au-delà : l’homme de Paix et grand écrivain Ivan Tourgueniev.
« Au moment où les bombes russes tombent sur Marioupol, où les conséquences néfastes de cette guerre, menée par la volonté d’un homme, apparaissent comme irréversibles et nous projettent sur un retour au passé et du passé, avec des discours et des actions que nous croyions derrière nous à tout jamais ; au moment où le retour des nationalismes et des divisions, infiltrant des sociétés de plus en plus divisées par un « wokisme » envahissant les esprits et les condamnant à une vision en noir et blanc de plus en plus manichéiste et violente, je ne peux que m’accrocher à une exemplarité bien souvent oubliée et parfois méprisée : la Musique comme lien.
Un chaîne de solidarité pour l’Ukraine
Dès la nuit du 24 Février, le Centre Européen de Musique a voulu établir une chaîne de solidarité pour l’Ukraine mais, également, un dialogue entre les musiciens ukrainiens, russes et biélorusses, ceux présents dans le théâtre de guerre mais aussi ceux de la diaspora. Nous avons voulu sortir de la solution facile et, hélas prise par beaucoup, de condamner notamment les musiciens russes allant même jusqu’à condamner la musique russe, arrivant jusqu’à interdire Tchaïkovski de leurs programmations. Ceci me paraît d’abord une insulte à l’intelligence mais, surtout, on ajoute de la violence à la violence, quand la violence est le problème majeur de notre histoire humaine. Que des musiciens eurent été complices d’un régime dictatorial, bien plus fermé que celui de l’Union Soviétique, justice sera faite. Mais que, par généralisation précipitée, nous condamnions tous les musiciens russes et la musique russe, une des plus remarquables de l’histoire de la musique européenne, me semble aberrant. C’est pour cela que nous nous sommes investis à nouer le dialogue entre les musiciens de ces trois pays, pour essayer de garder un dialogue fragilisé par les événements et qu’il faut défendre à tout prix. La réaction de la part de ces musiciens, dépassa toutes nos expectatives et, aujourd’hui, nous avons une quarantaine de musiciens des trois nations, prêts à monter sur scène et à interpréter les musiques de leurs pays respectifs, tous ensemble. Une saison de concerts est en marche !
La Musique est un instrument de paix
La Musique est lien, et ceci fut un des propos essentiels de ma vie de musicien et aujourd’hui celui du Centre Européen de Musique. La Musique est instrument de Paix et je suis le témoin privilégié de cela, dans des régions du monde qui vivent depuis des décennies dans l’horreur de la guerre comme c’est le cas du Moyen Orient. Mais, également, dans le partenariat que nous avons établi avec l’Institut de Musique Afghane, car depuis le retour des talibans, la musique est acte criminel pouvant condamner, ceux qui la pratiquent, à mort. Et là, aussi, nous constatons le pouvoir de la Musique, le plus humain des arts, qui devient crime pour des fanatiques religieux et autocrates. Le moment est venu, en dehors de toute naïveté, de pouvoir regarder la réalité en face et répondre à celle-ci avec des outils bien souvent oubliés pour ne pas dire méprisés par des paramètres politico-économiques qui, à notre avis, ne sont pas suffisants.
La Musique est ce supplément d’âme, comme l’affirmait Yehudi Menuhin, celui qui par l’essence même de cet art, peut unir dans la diversité, peut être lien entre nous, construisant un nouveau vivre ensemble. Installons-la au cœur de nos sociétés ! Entendons-la comme un appel à réveiller en nous le plus beau de l’humanité : l’altérité et le respect qui en découle. Aux âmes, citoyens ! »
Jorge Chaminé, Président-fondateur du Centre Européen de Musique
1 avril 2022
Le Président et fondateur du Centre Européen de Musique, Jorge Chaminé, participait le 31 mars 2022 au webinar « La société civile en action pour le patrimoine ukrainien en péril » (Civil Society in Action for Ukraine's Endangered Heritage). Un événement organisé par le Global Heritage Fund avec OurWorldHeritage et Europa Nostra. Une intervention qui fut également pour Jorge Chaminé l’occasion de rappeler que le patrimoine culturel européen du parc de Bougival dont le Centre Européen de Musique est aujourd’hui le gardien et l’héritier, comporte la datcha d’une figure majeure de la littérature russe, connue dans toute l’Europe et au-delà : l’homme de Paix et grand écrivain Ivan Tourgueniev.
« Au moment où les bombes russes tombent sur Marioupol, où les conséquences néfastes de cette guerre, menée par la volonté d’un homme, apparaissent comme irréversibles et nous projettent sur un retour au passé et du passé, avec des discours et des actions que nous croyions derrière nous à tout jamais ; au moment où le retour des nationalismes et des divisions, infiltrant des sociétés de plus en plus divisées par un « wokisme » envahissant les esprits et les condamnant à une vision en noir et blanc de plus en plus manichéiste et violente, je ne peux que m’accrocher à une exemplarité bien souvent oubliée et parfois méprisée : la Musique comme lien.
Un chaîne de solidarité pour l’Ukraine
Dès la nuit du 24 Février, le Centre Européen de Musique a voulu établir une chaîne de solidarité pour l’Ukraine mais, également, un dialogue entre les musiciens ukrainiens, russes et biélorusses, ceux présents dans le théâtre de guerre mais aussi ceux de la diaspora. Nous avons voulu sortir de la solution facile et, hélas prise par beaucoup, de condamner notamment les musiciens russes allant même jusqu’à condamner la musique russe, arrivant jusqu’à interdire Tchaïkovski de leurs programmations. Ceci me paraît d’abord une insulte à l’intelligence mais, surtout, on ajoute de la violence à la violence, quand la violence est le problème majeur de notre histoire humaine. Que des musiciens eurent été complices d’un régime dictatorial, bien plus fermé que celui de l’Union Soviétique, justice sera faite. Mais que, par généralisation précipitée, nous condamnions tous les musiciens russes et la musique russe, une des plus remarquables de l’histoire de la musique européenne, me semble aberrant. C’est pour cela que nous nous sommes investis à nouer le dialogue entre les musiciens de ces trois pays, pour essayer de garder un dialogue fragilisé par les événements et qu’il faut défendre à tout prix. La réaction de la part de ces musiciens, dépassa toutes nos expectatives et, aujourd’hui, nous avons une quarantaine de musiciens des trois nations, prêts à monter sur scène et à interpréter les musiques de leurs pays respectifs, tous ensemble. Une saison de concerts est en marche !
La Musique est un instrument de paix
La Musique est lien, et ceci fut un des propos essentiels de ma vie de musicien et aujourd’hui celui du Centre Européen de Musique. La Musique est instrument de Paix et je suis le témoin privilégié de cela, dans des régions du monde qui vivent depuis des décennies dans l’horreur de la guerre comme c’est le cas du Moyen Orient. Mais, également, dans le partenariat que nous avons établi avec l’Institut de Musique Afghane, car depuis le retour des talibans, la musique est acte criminel pouvant condamner, ceux qui la pratiquent, à mort. Et là, aussi, nous constatons le pouvoir de la Musique, le plus humain des arts, qui devient crime pour des fanatiques religieux et autocrates. Le moment est venu, en dehors de toute naïveté, de pouvoir regarder la réalité en face et répondre à celle-ci avec des outils bien souvent oubliés pour ne pas dire méprisés par des paramètres politico-économiques qui, à notre avis, ne sont pas suffisants.
La Musique est ce supplément d’âme, comme l’affirmait Yehudi Menuhin, celui qui par l’essence même de cet art, peut unir dans la diversité, peut être lien entre nous, construisant un nouveau vivre ensemble. Installons-la au cœur de nos sociétés ! Entendons-la comme un appel à réveiller en nous le plus beau de l’humanité : l’altérité et le respect qui en découle. Aux âmes, citoyens ! »
Jorge Chaminé, Président-fondateur du Centre Européen de Musique