17 juillet 2021
C’était il y a 20 ans dans la ville de Bougival, Jorge Chaminé découvrait pour la première fois la Villa Viardot, délabrée : « je me suis alors rendu compte de l’oubli auquel cette grande dame était confrontée. J’ai réuni toutes mes énergies pour que ce lieu de mémoire soit restauré et que de plus en plus de mes contemporains se rendent compte de l’immense exemple de Pauline, la polymathe, l’Européenne ». Le 15 juillet 2021, à l’occasion de l’inauguration du Jardin Pauline García Viardot dans le 9e arrondissement de Paris, le président-fondateur du Centre Européen de Musique prononçait ces mots, dédiés à l’immense cantatrice :
« Quiconque se sent pénétré d’un amour vrai pour son art ne peut rien craindre. Ces mots sont ceux de George Sand, dans son roman Consuelo, inspiré et dédié à Pauline. Ils reflètent ce que fut la vie d’une des plus grandes musiciennes de tous les temps : pianiste, cantatrice, compositrice qui affirmât maintes fois que la musique fut le langage premier de toute sa vie, de telle sorte qu’elle ne se souvient pas de ne pas l’avoir connue.
200 ans après sa naissance, presque jour pour jour, nous sommes ici réunis, grâce à la Mairie de Paris, Mairie du 9e arrondissement pour rendre hommage, un peu tardivement, à celle qui reste un exemple pour les défis qui sont encore les nôtres.
A un moment où nous nous nous penchons, enfin, sur la place de la Femme dans la société, et nous envisageons une relecture nécessaire de l’histoire des Femmes dans la création, elle est là pour nous dire qu’elle le fut et qu’elle le fit.
A un moment où l’Europe ouvre la réflexion sur son avenir et qu’il nous faut inscrire la Culture comme fondation essentielle à la continuation de cette belle histoire qui est l’Union Européenne, elle est là pour nous dire que tel a été son but à un moment où, au 19e siècle, elle réunissait tous les grands esprits de l’Europe, de l’Oural à l’Atlantique, des pays scandinaves aux Balkans, construisant une conscience culturelle européenne, seul rempart selon eux aux poussées nationalistes et impérialistes. Une fois de plus elle le fit et elle fut cette « Mère Europe » qui nous appelle, devant les défis qui sont les nôtres, à revenir aux fondements de cette construction européenne.
A un moment où la culture traverse des difficultés multiples, Pauline tout au long de sa vie de musicienne, d’éditrice, de pédagogue, de mentor de jeunes compositeurs, de dessinatrice, de costumière, d’épistolaire, nous rappelle l’importance de la culture, celle affirmée par Stefan Zweig en 1932 : « Dans l’histoire des guerres, les peuples ne sont présentés que comme des ennemis, mais dans l’histoire de la culture, ils apparaissent comme des frères ».
Cette parisienne, née rue de Richelieu, décédée boulevard de Saint Germain, ayant habité une bonne partie de sa vie, pas loin d’ici rue de Douai, avec de fortes racines espagnoles, deviendra une des femmes les plus cosmopolites et essentielles de l’histoire européenne. Grâce à elle, un pont s’établira entre l’Occident et la Russie, grâce à elle, la continuité d’une généalogie vocale, initiée par son père Manuel Garcia et poursuivie également par son frère Manuel, deviendra, jusqu’à nos jours, synonyme d’excellence. Une excellence ayant irrigué les gorges des chanteurs européens et américains et depuis, également, des chanteurs asiatiques. Le Bel Canto italien tire ses lettres de noblesse d’une famille espagnole, installée à Paris : c’est ça aussi l’Europe ! Oui, car elle est diversité et c’est ainsi qu’elle devient universelle. Cette diversité, Pauline l’assume également comme compositrice. Elle composera des mélodies en cinq langues différentes, ayant même élargi à d’autres langues comme le serbe ou le vieux toscan. A un moment où l’ethnomusicologie n’était pas encore une vraie discipline, Pauline recueille des chants berrichons lors de ses promenades avec son amie George Sand à Nohant et harmonisera ses chants populaires, elle le fera également avec des chants traditionnels espagnols, russes ou serbes.
En mettant à l’honneur Pauline Viardot, la France et l’Europe célèbrent donc, main dans la main, l’une des grandes figures de leur histoire millénaire. Le panthéon européen, fruit de notre héritage culturel commun, ouvre ses portes à une femme d’exception qui n’a cessé de transcender les frontières et de nourrir l’idée d’une conscience transnationale et fraternelle, avec toujours la musique pour identité et l’Europe comme horizon.
Aujourd’hui, le Centre Européen de Musique veut perpétuer cet exemple à Bougival. Là où elle a vécu de 1874 à 1883, là où elle réunissait également tous les grands esprits européens et même d’ailleurs.
Elle est donc devenue cette figure tutélaire de notre projet. Aujourd’hui, la Villa Viardot qui était complètement abandonnée, est restaurée. Malheureusement, en raison de la pandémie, le 18 juillet 2021 ne verra pas sa réouverture. Elle ne se fera qu’au printemps 2022. L’exemple de Pauline survivra donc dans ce Centre Européen de Musique, dans ce quartier de culture écoresponsable. Il raconte aujourd’hui une histoire de l’Europe et installe une île de l’Europe à l’intérieur de l’île-de-France. Le Centre Européen de Musique perpétuera l’esprit holistique de cette Femme extraordinaire. »
Jorge Chaminé, président-fondateur du Centre Européen de Musique
Extrait du discours prononcé à l’occasion de l’inauguration du Jardin Pauline García Viardot, le 15 juillet 2021, au 26 rue Chaptal, dans le 9e arrondissement de Paris.
Sandra Mamboury, arrière-arrière petite-fille de Pauline Viardot et Jorge Chaminé devant le portrait de Pauline peint par Ary Scheffer, au musée de la Vie romantique (rue Chaptal à Paris).
D'autres articles sur Pauline Viardot :
- « Le passé au présent, voyage au 21e siècle avec mon ancêtre Pauline Viardot ». Interview avec l'auteure du livre : la romancière et journaliste Sandra Mamboury.
- Le replay en photos et vidéos des grands événements commémorant Pauline Viardot.
- Le podcast consacré à Pauline Viardot.
Pauline Viardot revient à la vie pour ses deux cent ans" data-catid="[1]">Pauline Viardot". Interview with the author of the book: the novelist and journalist Sandra Mamboury.- The replay in photos and videos of the major events commemorating Pauline Viardot.
17 juillet 2021
C’était il y a 20 ans dans la ville de Bougival, Jorge Chaminé découvrait pour la première fois la Villa Viardot, délabrée : « je me suis alors rendu compte de l’oubli auquel cette grande dame était confrontée. J’ai réuni toutes mes énergies pour que ce lieu de mémoire soit restauré et que de plus en plus de mes contemporains se rendent compte de l’immense exemple de Pauline, la polymathe, l’Européenne ». Le 15 juillet 2021, à l’occasion de l’inauguration du Jardin Pauline García Viardot dans le 9e arrondissement de Paris, le président-fondateur du Centre Européen de Musique prononçait ces mots, dédiés à l’immense cantatrice :
« Quiconque se sent pénétré d’un amour vrai pour son art ne peut rien craindre. Ces mots sont ceux de George Sand, dans son roman Consuelo, inspiré et dédié à Pauline. Ils reflètent ce que fut la vie d’une des plus grandes musiciennes de tous les temps : pianiste, cantatrice, compositrice qui affirmât maintes fois que la musique fut le langage premier de toute sa vie, de telle sorte qu’elle ne se souvient pas de ne pas l’avoir connue.
200 ans après sa naissance, presque jour pour jour, nous sommes ici réunis, grâce à la Mairie de Paris, Mairie du 9e arrondissement pour rendre hommage, un peu tardivement, à celle qui reste un exemple pour les défis qui sont encore les nôtres.
A un moment où nous nous nous penchons, enfin, sur la place de la Femme dans la société, et nous envisageons une relecture nécessaire de l’histoire des Femmes dans la création, elle est là pour nous dire qu’elle le fut et qu’elle le fit.
A un moment où l’Europe ouvre la réflexion sur son avenir et qu’il nous faut inscrire la Culture comme fondation essentielle à la continuation de cette belle histoire qui est l’Union Européenne, elle est là pour nous dire que tel a été son but à un moment où, au 19e siècle, elle réunissait tous les grands esprits de l’Europe, de l’Oural à l’Atlantique, des pays scandinaves aux Balkans, construisant une conscience culturelle européenne, seul rempart selon eux aux poussées nationalistes et impérialistes. Une fois de plus elle le fit et elle fut cette « Mère Europe » qui nous appelle, devant les défis qui sont les nôtres, à revenir aux fondements de cette construction européenne.
A un moment où la culture traverse des difficultés multiples, Pauline tout au long de sa vie de musicienne, d’éditrice, de pédagogue, de mentor de jeunes compositeurs, de dessinatrice, de costumière, d’épistolaire, nous rappelle l’importance de la culture, celle affirmée par Stefan Zweig en 1932 : « Dans l’histoire des guerres, les peuples ne sont présentés que comme des ennemis, mais dans l’histoire de la culture, ils apparaissent comme des frères ».
Cette parisienne, née rue de Richelieu, décédée boulevard de Saint Germain, ayant habité une bonne partie de sa vie, pas loin d’ici rue de Douai, avec de fortes racines espagnoles, deviendra une des femmes les plus cosmopolites et essentielles de l’histoire européenne. Grâce à elle, un pont s’établira entre l’Occident et la Russie, grâce à elle, la continuité d’une généalogie vocale, initiée par son père Manuel Garcia et poursuivie également par son frère Manuel, deviendra, jusqu’à nos jours, synonyme d’excellence. Une excellence ayant irrigué les gorges des chanteurs européens et américains et depuis, également, des chanteurs asiatiques. Le Bel Canto italien tire ses lettres de noblesse d’une famille espagnole, installée à Paris : c’est ça aussi l’Europe ! Oui, car elle est diversité et c’est ainsi qu’elle devient universelle. Cette diversité, Pauline l’assume également comme compositrice. Elle composera des mélodies en cinq langues différentes, ayant même élargi à d’autres langues comme le serbe ou le vieux toscan. A un moment où l’ethnomusicologie n’était pas encore une vraie discipline, Pauline recueille des chants berrichons lors de ses promenades avec son amie George Sand à Nohant et harmonisera ses chants populaires, elle le fera également avec des chants traditionnels espagnols, russes ou serbes.
En mettant à l’honneur Pauline Viardot, la France et l’Europe célèbrent donc, main dans la main, l’une des grandes figures de leur histoire millénaire. Le panthéon européen, fruit de notre héritage culturel commun, ouvre ses portes à une femme d’exception qui n’a cessé de transcender les frontières et de nourrir l’idée d’une conscience transnationale et fraternelle, avec toujours la musique pour identité et l’Europe comme horizon.
Aujourd’hui, le Centre Européen de Musique veut perpétuer cet exemple à Bougival. Là où elle a vécu de 1874 à 1883, là où elle réunissait également tous les grands esprits européens et même d’ailleurs.
Elle est donc devenue cette figure tutélaire de notre projet. Aujourd’hui, la Villa Viardot qui était complètement abandonnée, est restaurée. Malheureusement, en raison de la pandémie, le 18 juillet 2021 ne verra pas sa réouverture. Elle ne se fera qu’au printemps 2022. L’exemple de Pauline survivra donc dans ce Centre Européen de Musique, dans ce quartier de culture écoresponsable. Il raconte aujourd’hui une histoire de l’Europe et installe une île de l’Europe à l’intérieur de l’île-de-France. Le Centre Européen de Musique perpétuera l’esprit holistique de cette Femme extraordinaire. »
Jorge Chaminé, président-fondateur du Centre Européen de Musique
Extrait du discours prononcé à l’occasion de l’inauguration du Jardin Pauline García Viardot, le 15 juillet 2021, au 26 rue Chaptal, dans le 9e arrondissement de Paris.
Sandra Mamboury, arrière-arrière petite-fille de Pauline Viardot et Jorge Chaminé devant le portrait de Pauline peint par Ary Scheffer, au musée de la Vie romantique (rue Chaptal à Paris).